Abstract
Objectif: Dans les dysarthries cérébelleuses, la perte de la précision des mouvements articulatoires de la parole induit une dysrégulation temporelle avec un allongement irrégulier des durées contribuant globalement au ralentissement du débit de la parole. Ainsi, nous supposons que les distorsions du signal de parole sont largement influencées par le ralentissement et que la correction de ce ralentissement, par accélération du signal de parole, peut améliorer l’intelligibilité. Patientes et méthode: Deux patientes avec une dysarthrie ataxique ont été étudiées. L’intelligibilité de la parole a été évaluée subjectivement avec une échelle visuelle analogique et objectivement par la méthode des stimuli constants associée à une tâche d’identification d’un phonème cible en temps réel. L’accélération temporelle des stimuli est effectuée par l’algorithme SOLA. Un total de 144 stimuli a été créé à 3 vitesses différentes: 48 phrases à «vitesse naturelle» (sans accélération, VN), 48 phrases à «vitesse intermédiaire» (50% de l’accélération maximale, VI) et 48 phrases à «vitesse maximale» (vitesse moyenne des locuteurs témoins, VM). Les 144 phrases, dans les 3 présentations expérimentales, ont été réparties en 3 listes, chaque auditeur entendant une seule fois chaque phrase. Chaque liste est écoutée par 8 auditeurs. Les phrases sont présentées dans un ordre randomisé. Pour estimer l’effet de l’accélération, nous avons utilisé un modèle logit mixte pour le score de l’épreuve subjectif et les temps de réaction, un test de χ2 pour le nombre des erreurs. Résultats: Pour les 2 locutrices, la probabilité d’une meilleure intelligibilité à l’épreuve subjective est significativement plus grande pour la condition VI ou VM que pour la condition VN. Le passage de la condition VN à la condition VI augmente le taux de satisfaction des auditeurs quant à l’intelligibilité de 78 à 87% pour Mme B et de 46 à 63% pour Mme Z. Les erreurs sont moins fréquentes avec la compression pour Mme Z. L’effet de l’accélération n’est jamais significatif sur les temps de réaction (F2, 1024 = 2,14, p = 0,12). Conclusions: Cette étude est la première à analyser l’effet d’une accélération temporelle uniforme sur de la parole pathologique. Elle montre que chez 2 patientes présentant une dysarthrie ataxique, le niveau perçu de l’intelligibilité est amélioré.