Abstract
De nombreuses affections altèrent la croissance. La mucoviscidose, la maladie de Crohn et l’arthrite juvénile idiopathique sont des maladies chroniques relativement fréquentes dans l’enfance et associées à une altération substantielle de la croissance. Un retard de croissance peut être le premier signe d’une pathologie, mais le profil de la croissance est également une mesure utile de la sévérité d’une maladie et de sa réponse au traitement. Outre son intérêt diagnostique, la petite taille résultante peut non seulement être inacceptable pour le patient, mais aussi nuire à son état physique s’il est atteint d’une maladie telle la mucoviscidose. Une altération de la croissance chez un enfant atteint d’une maladie chronique est associée à des perturbations de l’axe hormone de croissance (GH)–facteur insulinique de croissance (IGF) et résulte principalement d’une sous-nutrition, d’une inflammation chronique et d’une corticothérapie prolongée. Une sous-nutrition aboutit à des adaptations majeures du système endocrine visant à conserver l’énergie, détourner des substrats de la croissance et de la reproduction et fournir des sources alternatives d’énergie pour l’homéostasie critique de l’organisme. Un processus inflammatoire chronique aggrave une sous-nutrition, mais des cytokines pro-inflammatoires telles que l’interleukine-6, le facteur de nécrose tumorale α (TNF-α) et l’interleukine-1β altèrent également la croissance indépendamment de la nutrition en perturbant l’intégrité de l’axe GH–IGF et en exerçant des effets locaux directs sur la chondrogenèse dans la plaque de croissance. Ces mécanismes régulateurs de la croissance subissent des perturbations supplémentaires sous l’effet de la corticothérapie administrée dans le traitement de certaines affections chroniques en raison de ses propriétés anti-inflammatoires et immunosuppressives. Il est probable que les processus entravant la croissance ralentissent la sénescence de la plaque de croissance, ce qui permet une croissance de rattrapage lors de la récupération d’une maladie chronique et le sevrage d’une corticothérapie. Les essais cliniques de la GH recombinante humaine (rhGH) chez des patients présentant un retard de croissance ont suggéré une amélioration de la croissance linéaire ainsi que des effets bénéfiques sur la composition de l’organisme et l’évolution clinique. Ces essais ont été de relativement courte durée, et il est donc nécessaire d’évaluer les bénéfices à long terme ainsi que la tolérance de la rhGH, particulièrement en association à une corticothérapie.